Fils de femme, une préface
Hélène Couturier est une autrice rare et précieuse. À l’occasion de la sortie de son nouveau roman, De femme en femme, les éditions Rivages/Noir publient une nouvelle édition de Fils de femme et m’ont demandé de la préfacer.
Hélène Couturier a publié « Fils de femme » en 1996, il y a plus de vingt cinq ans déjà… Elle fut la première autrice française publiée dans la collection Rivages Noir, de François Guérif qui était en train de changer le paysage du roman noir en France. Et je me souviens du choc que m’a procuré la rencontre avec ce livre. Un ovni. Un conte noir, irréaliste et tragique. Les aventures improbables et déjantées de trois personnages sans envergure, deux petites frappes, l’un obsédé par sa bite, l’autre par sa belle voiture, et une jolie traductrice de chinois qui se croisent et se recroisent pendant vingt-quatre heures, sans que le lecteur ne parvienne à reprendre son souffle. Il y a du viol dans l’air.
Un conte noir parce que ces trois personnages sont bloqués dans leur vie d’adulte par le poids de leurs souvenirs d’enfance, l’omniprésence de la mère. Absente, fantasmée, sucrée, chacun, chacune, l’imagine à sa façon et se rejoue au quotidien sa version de l’origine du monde. Dans une dernière brillante pirouette, l’histoire se finit dans une sorte de meurtre rituel. Toute l’histoire est contée dans un style simple, net, rapide, dans un langage de la vie quotidienne, cru, sans fioriture. Du beau style noir.
J’ai trouvé une réjouissante ironie dans les portraits des personnages comme dans les surprises du récit, mais c’est sans doute ma lecture très personnelle. A chacun la sienne. À lire d’urgence.