Lorraine connection
En 2003, je lis une brève dans un journal : l’usine Daewoo de Mont Saint Martin, en Lorraine, une des dernières du groupe en France, brûle. Elle était occupée par les travailleurs qui savaient que l’usine allait fermer, et revendiquaient un plan social à la hauteur du désastre annoncé. Deux jours plus tard, nouveau flash info : la police annonce que l’incendiaire est arrêté, c’est l’animateur du comité de grève.
Ma réaction : impossible, un gréviste ne met pas le feu à l’usine que ses camarades occupent. Donc, je vais voir. Je rencontre les acteurs, je discute. Puis je constitue des dossiers sur le conglomérat Daewoo en France. En 1996, première alerte, le gouvernement lui vend pour un franc symbolique Thomson CSF, une entreprise de pointe française, puis devant le tollé, revient sur sa décision deux mois après. Deuxième temps, en 1999 le conglomérat Daewoo fait faillite, le patron s’enfuit, en emportant deux milliards de dollars. Le roman est là. Mais il faut tricoter ensemble, bien serré, les milieux d’affaires parisiens, l’argent virtuel si désincarné qui circule si vite dans les lessiveuses luxembourgeoises, et les travailleurs qui le produisent, cet argent sale, dans la sueur, la peine, parfois aussi la peur et le sang. Pas facile. Un roman.
CWA International Dagger Award, 2008
Prix Mystère de la Critique, 2007
Trophée 813 du meilleur roman noir francophone, 2006
Édition de poche
Rivages noir, 2008