Giudoriccio da Fogliano

22 mars 2013

Filippo, personnage central de « l’Evasion », jeune italien de 22 ans, est obsédé par la fresque monumentale de Simone Martini qui occupe toute la partie supérieure d’un mur de la salle du Conseil dans le Palais municipal de Sienne, dont il a vu quasiment quotidiennement une mauvaise reproduction pendant toute son enfance. Elle représente un condottiere vainqueur en tenue d’apparat sur son cheval dans un paysage minéral, villes de pierre inhabitées, campement déserté, palissades abandonnées, sur fond de ciel bleu noir. Probablement Guidoriccio da Fogliano . Fascination de l’image fixe : le spectateur a tout le temps de rentrer dedans, de l’investir, de se l’approprier, de l’interpréter à l’infini. Pour Filippo, elle devient le symbole et le cauchemar des ses conquêtes rêvées. Quel rapport entre ce qu’il imagine et ce qu’il vit ? Ce fier condottiere a-t-il eu un jour une existence, ou n’est ce que la représentation d’une statue équestre, l’ombre d’une ombre ? Et quelle peut être la jouissance de la conquête quand il n’y a aucun vaincu pour en attester l’existence ?

Et encore, Filippo ne sait pas que l’attribution à Simone Martini est hasardeuse, qu’elle ne représente sans doute pas Guidoriccio, et que les experts n’identifient pas formellement les villes conquises. Ce qui ne fait qu’ajouter au trouble que suscite cette fresque.

“L’évasion” paraîtra le 12 avril 2013.

 

 

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